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Le fameux Miel Blanc d'Oku

C’est dans le Nord-Ouest du Cameroun, une région montagneuse, que se trouve la localité Au pied de la forêt de Kilum-Ijim, quelques villages abritent une apiculture d’exception. Depuis des décennies, en jouant de la diversité des milieux qui les entourent, plusieurs générations d’apiculteurs ont développé des techniques uniques pour produire un Miel blanc sans pareil. Ce Miel est le fruit d’un long travail qui s’effectue sur toute une saison apicole. La blancheur du précieux produit vient des essences florales butinées par les abeilles : on ne trouve ces essences qu’à partir d’une certaine altitude dans la forêt de montagne. A une altitude où les abeilles ne sont pas naturellement présente du fait d’un climat plus froid et moins clément que dans les vallées en contrebas. Comment donc les apiculteurs parviennent-ils à obtenir du Miel d’un écosystème où les abeilles ne sont naturellement que peu présente ? C’est là que se manifeste toute l’ingéniosité et le savoir-faire des apiculteurs d’Oku. Les abeilles sont en fait capturées dans les vallées avoisinantes, où le climat leur est plus favorable. Cette phase de « capture » se fait à l’aide de ruches locales « traditionnelles », fabriquées par les apiculteurs eux même à partir des produits de la forêt : bambous, raffias… Peut-on même parler de véritable « capture », quand l’on sait qu’il suffit simplement à l’apiculteur de déposer sa ruche, enduite de cire à l’intérieur, afin qu’elle dégage une odeur qui attirera presque à coup-sûr un essaim au bout de quelques semaines voire quelques mois ? La présence de colonies sauvages sur place dans la vallée ainsi que l’essaimage des ruches déjà présentes semblent suffisants pour assurer le renouvellement du cheptel apicole d’Oku.


Une fois habitées, les ruches sont transportées à dos d’homme en pleine nuit, au cours d’un voyage à pieds qui peut durer de 3 à 7h. Parfois plusieurs dizaines de kilomètres sont parcourus pour atteindre la forêt de montagne, destination finale des ruches. C’est dans cette forêt que les abeilles vont pouvoir produire, plusieurs mois durant, un Miel Blanc à partir de la végétation particulière de cette forêt. Plus de temps est nécessaire aux abeilles pour produire le Miel Blanc de montagne que pour un miel de vallée marron commun, de plus une seule récolte sera effectuée dans l’année. La blancheur du miel est fonction de l’altitude des colonies, plus les ruches sont hautes dans la forêt, plus le Miel sera blanc. On distinguera ainsi 3 classes de miel d’Oku : l’extra-blanc, le crème et le jaune. Le plus cher sur le marché étant bien sur l’extra-blanc. La valeur de ce miel, sa reconnaissance ainsi que la demande croissante incitent les apiculteurs à augmenter leur production, on dénombre aujourd’hui plus de 10 000 ruches dans la forêt pour plusieurs centaines d’apiculteurs. Le Miel d’Oku a fait l’objet en 2013 d’un travail important pour la reconnaissance de ses qualités : ainsi il a pu obtenir l’une des premières Indication Géographique Protégée (IGP) d’Afrique délivrée par l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle.


Il est intéressant de constater les effets positifs que ce Miel et sa production ont pu avoir sur le secteur d’Oku. D’un point de vue environnemental, les visites des apiculteurs en forêt ont permis de diminuer les feux de forêt ou encore de favoriser la protection des essences mellifères, aidant ainsi à la conservation de ce patrimoine naturel. Enfin sur le plan économique il est intéressant d’observer toute la chaîne générée par la production du Miel : au-delà du bénéfice direct pour le producteur lié à la vente de son miel à un prix majoré, on notera le développement d’un ensemble d’activités. Les apiculteurs fabriquent eux même leur ruches, pour eux même mais aussi parfois pour la vente. Certains habitants vont alors se dédier à la production des matériaux nécessaires à cette fabrication : notamment bambous et raffias qui seront ensuite revendus à l’apiculteur-fabricant de ruches. Enfin lors de transhumance des colonies, les apiculteurs ont besoin des services de porteurs qui l’aideront à déplacer son cheptel de la vallée jusqu’à la forêt d’altitude : un cheptel pouvant aller jusqu’à une centaine de ruches, de nombreux bras sont nécessaires et la encore le service est parfois rémunéré. De plus la notoriété du miel blanc permet d’attirer bon nombre de visiteurs, un atout majeur pour le commerce et le tourisme local. On peut donc parler d’un effet de ruissellement, découlant des revenus de la vente du Miel, bénéfique à toute la communauté d’Oku.



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