Partage avec la Communauté Kichwa de Sarayaku
Dans le cadre de la mission en Amérique du Sud venait s’intégrer un séjour de deux semaines en Equateur, en compagnie d’une apicultrice de la Réserve de Tariquia, à la rencontre de la communauté indigène Kichwa de Sarayaku. Ce Peuple indigène organise depuis une vingtaine d’année la lutte pour la protection de son territoire en pleine forêt amazonienne face à l’incursion des firmes pétrolières. L’objectif était de pouvoir échanger sur cette précieuse expérience de défense environnementale, jusqu’à présent couronnée de succès.
L’ouverture à l’extérieur est parti intégrante de la stratégie de lutte, en effet si la communauté indigène cherche à préserver ses coutumes ancestrales, ses traditions et son mode de vie, on peut dire que ce dernier a cependant intégrer une dimension d’ouverture internationale. En effet, beaucoup de projets sont menés en commun avec des ONG étrangères et un certain nombre de touristes ou de bénévoles étrangers séjournent dans la communauté. De plus dans les unités éducatives les jeunes reçoivent un enseignement bilingue Espagnol et Kichwa, mais aussi en Anglais. Tous les peuples indigènes d’Equateur n’adoptent pas ce mode d’ouverture et certains demeurent encore en isolement volontaire. L’accès à Sarayaku n’est cependant pas aisé : un jour de voyage en bus depuis Quito, la capitale du Pays, pour arriver dans la petite ville provinciale de Puyo d’où une demi-journée de Pirogue est nécessaire pour atteindre la communauté. De plus le gouvernement indigène de Sarayaku contrôle l’accès des visiteurs qui seront hébergés au sein de familles locales. Des pluies abondante ont fait croitre le fleuve Bobonaza quelques jours avant notre traversé, ainsi elle n’en fut que plus aisée. Différents types de pirogues s’y côtoient : de la pirogue traditionnelle en bois de cèdre à la plus moderne embarcation en fibre, nombreux sont les habitants équipés d’un moteur. Si quelques ponts existent pour traverser d’une rive à l’autre, le fleuve reste la voie la plus directe d’un secteur à l’autre. Le voyage en pirogue donne le ton : tous ceux qui se croisent se saluent, échangent quelques signes et semblent se connaitre. Le sentiment de communauté est très fort ici, ainsi que la fierté de l’identité et de la culture traditionnelle.
Nous serons accueillis au sein d’une famille : un couple avec un bébé, mais nous rencontrerons une bonne partie de la communauté au cours de différentes visites. Notre séjour correspond à la période du Carnaval (plusieurs jours de fêtes, durant lesquels on boit abondement la boisson traditionnelle : la Chicha préparée à base de manioc fermenté). Ainsi quelques soirées sont au programme avec danse et musique équatorienne. Un peu de travail aussi, rencontre avec le président de la communauté Felix Santi afin d’échanger sur l’historique de la lutte à Sarayaku contre les firmes pétrolières, partage de l’expérience Bolivienne en matière d’apiculture comme activité alternative écologique. En parlant d’abeilles : nous n’avons pas été sans chercher à découvrir si l’on pratiquait l’apiculture dans la communauté. Il se trouve que l’Apis Melifera n’est pas ou peu présente dans la zone (nous n’en avons pas croisés…). En revanche l’on rencontre plusieurs variétés d’abeilles natives Mélipones (sans dard, c’est tout de suite plus facile !) comme la « Lapucse » : celle-ci est d’une taille quasi égale à notre Apis Melifera. Les habitants pratiquent la cueillette du miel dans les troncs d’arbres où sont installées les colonies : opération risquée au cours de laquelle les moins expérimentés risquent involontairement de causer des dommages irréversibles entrainant la mort de la colonie (mort de la reine…).
Le miel est ancestralement reconnu ici pour ses propriétés gustatives et curatives : ainsi de nombreuses familles seraient intéressées à organiser un partage d’expérience et, pourquoi pas, un projet apicole. L’apiculture semble avoir de l’avenir à Sarayaku, tant que cet environnement demeurera préservé, ce à quoi veillent les Kichwas !
